Expérience employé

2022.12.22

Le retour au bureau : un stimulant essentiel à la vitalité des organisations et des centres-villes

Par Céline Huot et Stéphane Rochereau

L’un des constats les plus frappants de la crise pandémique est qu’il est possible pour une grande majorité d’employés de performer et de se plaire en télétravail. Impensable il y a quelques années, cette généralisation du travail à distance s’est imposée par elle-même et on se demande même pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt. Les avantages sont aussi nombreux qu’indéniables et les résultats sont là pour témoigner de la capacité des équipes à fonctionner efficacement dans ce mode de collaboration. Bref, le chat est sorti du sac et il ne sera pas facile de le convaincre d’y retourner!

Les interactions en personne jouent un rôle indéniable dans le développement et le maintien d’une culture organisationnelle forte et positive. Les entreprises contribuent aussi grandement à la vitalité des centres-villes et, au Québec, Montréal continue de souffrir de cet exode imprévu des travailleurs habitués à fréquenter ses restaurants et ses boutiques. Les défis sont importants et la forme qu’adopteront les milieux de travail demeure toujours à définir. Une chose est certaine, les entreprises sont appelées à être proactives et à faire preuve de créativité pour mettre en place des solutions susceptibles d’inciter le personnel à revenir travailler au bureau. Quelles sont les avenues à privilégier? Peut-on assurer le maintien de la productivité à 100 % en télétravail? Quel modèle est susceptible de s’imposer? Brio a réfléchi à ces questions et s’est inspiré des actions menées par certaines organisations pour tracer un portrait des meilleures pratiques qui forgent la nouvelle réalité du travail.

Le télétravail a ses limites

Bien que le télétravail ait fourni à ce jour d’excellent résultats, les dirigeants et les employés s’entendent pour affirmer que cette solution présente aussi certains désavantages. Parmi ceux-ci, l’effritement de l’esprit d’équipe (et par extension de la culture organisationnelle) est considéré comme le plus important par une majorité de répondants au sondage de la CCMM, et ce, aussi bien pour les gestionnaires que leurs équipes. L’isolement social et la délimitation entre la vie professionnelle et personnelle sont également identifiés comme des aspects problématiques par les travailleurs. Aux yeux de bon nombre de gestionnaires, le maintien de la productivité n’est pas chose assurée et constitue aussi un enjeu significatif.

Les interactions en personnes sont essentielles pour faciliter les échanges, la création et ainsi que pour faire vivre la culture de l’entreprise. Le télétravail peut ainsi freiner ces activités qui sont souvent celles qui permettent aux entreprises de se démarquer au sein de leur marché. Le réseautage est également beaucoup plus difficile à réaliser dans l’espace virtuel que dans le monde réel. Enfin, selon une étude américaine en 2022, les personnes qui fréquentent moins le bureau sont souvent les premières à être licenciées dans le cadre de plans de rationalisation. À ce titre, les femmes sont particulièrement vulnérables, car elles sont souvent plus susceptibles de rester à la maison pour s’occuper des enfants.

Tous ces éléments contribuent au risque associé au télétravail et justifient les efforts pour favoriser le retour au bureau au sein d’une formule hybride.

Des solutions à privilégier pour un retour au bureau réussi

À la lumière des expériences vécues auprès de ses clients, Brio a mise en avant de convictions qui favorisent une présence plus fréquente des employés sur les lieux de travail et maintenir la vitalité des environnements urbains où ils sont majoritairement situés.

Mettre en place une flexibilité sur la gestion du temps de travail

Les organisations qui adoptent une posture trop rigide sur le retour en présentiel risquent d’avoir des problèmes de recrutement et de rétention des talents, dans un contexte où la compétition pour la main-d’oeuvre est féroce. Les modalités peuvent être très variées : des horaires de travail flexibles, des jours de travail flexibles, des formules avec un nombre de jours obligatoires au bureau, des formules donnant une liberté aux gestionnaires et aux équipes pour s’organiser, etc.

Revoir et soutenir le rôle des gestionnaires en les outillant pour faire face à cette nouvelle réalité

Les approches de gestion classiques ne conviennent bien souvent plus aux nouveaux besoins et les gestionnaires peuvent se retrouver dépourvus face à cette nouvelle donne. Leur rôle évolue dans une optique transversale, davantage orientée sur le coaching et le maintien de la cohésion, que sur une approche strictement directive. Ils ou elles doivent, par exemple, s’assurer de maintenir une équité entre les employés plus présents au bureau et ceux privilégiant le télétravail, disposer des outils de communication adaptés pour les aider à échanger avec leurs équipes, revoir la dynamique d’équipe surtout si leurs équipes sont hybrides.

Développer et communiquer des arguments solides en faveur d’un retour au bureau

Le personnel doit être en mesure de bien comprendre les raisons pour lesquelles on insiste pour qu’il revienne sur le lieu de travail. Le déplacement quotidien entre la maison et le bureau a un coût financier et personnel pour lequel les travailleurs s’attendent désormais à une certaine forme de compensation. Donner du sens au retour au bureau est donc primordial. Il est nécessaire de parler de bien-être, de culture d’entreprise, de créativité, de relations de proximité. Les gestionnaires gagnent à mettre des mots au-delà d’une politique ou d’une règle.

Établir des rituels favorisant la socialisation et l’intégration des employés

Dans le contexte hybride, les activités sociales gagnent à être standardisées et récurrentes. Brio organise par exemple des Midis énergisants visant à soutenir l’esprit d’équipe et à favoriser une meilleure intégration au sein du groupe et de la culture commune. À cet égard, il est important d’encourager et de soutenir les initiatives provenant des employés eux-mêmes. L’instauration d’une journée où tout le monde est invité à être présent est aussi une solution qui gagne en popularité, autant auprès des dirigeants que des équipes.

Inciter les dirigeants et les gestionnaires à faire preuve d’exemplarité

On dit souvent que si l’on veut être écouté, mieux vaut prêcher par l’exemple. En tant que gestionnaires, il est essentiel d’avoir une présence soutenue sur les lieux de travail et surtout, de se poser en ambassadeurs de la culture de l’entreprise et des nouveaux modes collaboratifs essentiels à l’atteinte de ses objectifs.

Repenser et transformer les lieux de travail

Il ne suffit plus de rénover et d’aménager des environnements ludiques, mais plutôt de réévaluer entièrement la fonction première des lieux de travail. Avoir de formidables bureaux est une chose, mais cela ne servira à rien si les employés s‘y retrouvent à faire des réunions en ligne alors qu’ils sont côte à côte. L’espace de bureau devrait donc offrir des avantages qui le distinguent de la maison, comme des configurations axées sur la collaboration rapprochée, la socialisation et le développement d’une culture commune. On remarque ainsi une tendance à l’« hôtelisation » avec des services de conciergerie – nettoyeur, achat de cadeaux, réservation de restaurants, etc. – qui représentent une véritable valeur ajoutée.

Créer un poste de coordination de l’ambiance et de l’hospitalité, à l’image de ce qui existe dans les espaces de cotravail

Popularisé en France, l’ajout de tels spécialistes aussi appelés hospitality managers peut s’avérer une avenue intéressante pour assurer le suivi et le maintien des initiatives visant à rendre l’espace de travail accueillant et attrayant, dans une vision à long terme.

Un point de vue sur la situation montréalaise

Les années de pandémie ont eu des répercussions importantes sur le centre névralgique de la métropole québécoise. Les grandes tours de bureaux se sont soudain retrouvées désertes, tout comme les commerces et les entreprises de services environnants. Un retour se dessine cependant et la situation évolue rapidement comme en fait foi un sondage réalisé par Léger pour le compte de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) en septembre 2022. Celui-ci révèle des tendances significatives qui permettent d’entrevoir l’évolution future des modes de travail.

Le nombre de gens présents au moins un jour par semaine sur le lieu de travail est en constante progression, étant passé de 47 % à l’automne 2021, puis à 68 % au printemps suivant, pour atteindre 81 % au moment du sondage. Autres chiffres révélateurs, 63 % de ces personnes sont présentes de 1 à 3 jours par semaine et 28 % fréquentent le bureau à temps plein. Il faut savoir que les entreprises insistent pour un minimum de présence alors que 93 % d’entre elles favorisent l’option de 1 à 3 jours pour leurs employés. La formule hybride est de mise et continue de s’ajuster en fonction de l’évolution du contexte. Les individus continuent toutefois de montrer une préférence nette pour le télétravail et les employeurs n’auront d’autres choix que d’adopter les meilleures pratiques et de mettre en place des incitatifs viables pour motiver leurs troupes à revenir plus souvent au bureau.

Par Céline Huot et Stéphane Rochereau

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